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Gatsby le Magnifique – Francis Scott Fitzgerald (1925)

Une oeuvre culte mais boudée lors de sa sortie par un public qui ne veut pas de cette analyse pessimiste et décourageante de l’Amérique.

Du drame social embourgeoisé au roman noir, en passant par la romance post guerre mondiale, Gatsby le Magnifique semble emprunter divers chemins, tous tortueux. Alors qu’on pense savoir de quoi la prochaine page sera faite, on est étonné de la facilité avec laquelle Fitzgerald nous mène par le bout du nez et nous force à être attentif aux gestes les plus impulsifs et aux paroles les plus secrètes. Fort de son aura mystérieuse planant tout au long du roman, le personnage de Gatsby échappe au lecteur pour devenir plus qu’un rôle. C’est une image de l’assurance que cherche à adopter les Etats-Unis après le contrecoup de la première guerre mondiale. Tout le monde rit, danse, semble être heureux mais ce bonheur factice ne dure pas. Et c’est sous le vernis de cette bourgeoisie huppée que se cache les maux de l’Amérique.

La solitude de Gatsby est un mal pour un bien: il permet d’épaissir davantage la brume autour de son passé.

La perte de la confiance en soi et des repères sociaux est la base du roman. Sur un fond musical très jazzy (la rencontre des deux amants se fait à Louisville, ville pionnière du mouvement musical), le roman enchaîne les interdits pour mieux les braver. La critique de la bourgeoisie est bel et bien présente, la montrant sous sa superficialité la plus faste, tout en la rendant plus humaine par les aspects dramatiques du destin de certains personnages. Coups bas, complots, libertinage, toutes les bassesses de l’être humain y passe, les rendant cent fois plus détestables étant donné qu’ils brillent par l’opulence des personnages.

Doki Doki Toshokan : Gatsby no Monogatari. Soit l’équivalent vidéo-ludique du roman de Fitzgerald. Massacre de bourgeois et de majordomes à coups de lancer de chapeaux mous sont au programme.

Devenu objet de culte depuis le début des années 50, le roman a peinait à obtenir le statut de chef d’oeuvre de la littérature américaine. La faute à un lectorat coincé et qui ne cherche jamais à se remettre en question. Traduit dans plusieurs langues, adapté 3 fois au cinéma (dont une qui sortira en 2013 signé par Baz Luhrman avec Leonardo Di Caprio dans le rôle titre), Gatsby le Magnifique n’en finit plus d’attirer les convoitises, le sujet du roman pouvant être remis au goût du jour à n’importe quelle époque, les défauts humains n’ayant pas changé depuis les années 20. Une oeuvre intemporelle qui n’en finit pas de séduire et d’interloquer.

PS: en cadeau, la bande annonce du film Gatsby qui sortira en 2013.

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