Ce que j’adore chez Walter Hill, c’est qu’il ne se prend pas la tête. Fuck the rules ! Toujours aussi généreux avec son public, il se contente de rester hors des modes et fait son cinéma. Celui là même qu’il aimerait aller voir en salles. Alignant les punchlines jusqu’à satiété, ce faux buddy movie n’entache en rien l’aura de Stallone, contrairement à ses contemporains qui se sont plantés en beauté en tentant de réincarner le mythe qu’il représentait auprès de tout un pan de spectateurs nourri à la péloche sévèrement burnée. Et ça fait plaisir de voir que l’action à la sauce 80’s revient sur le devant de la scène depuis quelques années. Mais jamais avec autant de panache qu’avec Du plomb dans la tête.
Rugueux et sec, le film ne souffre d’aucun temps mort. Aussi poisseuse que l’atmosphère qui se dégage des paysages de la Nouvelle-Orléans, les mentalités des personnages sont complexes, souvent coincés entre un besoin de justice immédiate et une certaine ligne de conduite. Il est dommage de constater que Jimmy Bobo ne soit pas plus développé tant son côté papa poule est traité rapidement, avec une scène touchante où il explique à son acolyte (le terme partenaire est mal à propos) qu’il n’a pas été le père qu’il aurait aimé être. Une faille émotionnelle qui le rend beaucoup plus humain, à l’image de la scène des bains turcs qui montre que l’improvisation n’est pas de son monde.
Old school jusque dans ses rouages scénaristiques, Du plomb dans la tête n’a rien à envier à de grosses productions hollywoodiennes. Même si l’action est brève et toujours confinée, elle sait être spectaculaire, notamment grâce à son réalisme et sa lenteur qui font que chaque coup reçu est ressenti brutalement par le spectateur (la scène dans les toilettes parle d’elle même). Sous ses faux air de 48 heures musclé, Hill préfère iconiser Stallone et lui permettre de regagner les faveurs du public, même s’il n’a jamais véritablement perdu son aura d’action guy au fil des années. Quand à Jason Momoa, il commence à s’imposer, à l’instar de Statham, comme une valeur sûre de l’actionner bourrin, aidé par son physique impressionnant (aussi svelte et rapide que grand et baraqué).
Sans aucune morale, Du plomb dans la tête inonde la fourmilière des bien-pensants, les laissant sur le carreau par la violence du film. Animé par une envie de retrouver le charme des anciennes productions (Joel Silver, tu es mon héros !) Walter Hill montre qu’il en a encore sous le coude et qu’il n’est pas prêt d’être nostalgique d’une époque où le pain quotidien du public en terme d’action correspondait parfaitement aux valeurs défendues dans ce film.
7/10