Archives de Tag: Stallone

Du plomb dans la tête – Walter Hill (2013)

"- On va la faire à l'ancienne, baby !"

« – On va la faire à l’ancienne, baby ! »

Ce que j’adore chez Walter Hill, c’est qu’il ne se prend pas la tête. Fuck the rules ! Toujours aussi généreux avec son public, il se contente de rester hors des modes et fait son cinéma. Celui là même qu’il aimerait aller voir en salles. Alignant les punchlines jusqu’à satiété, ce faux buddy movie n’entache en rien l’aura de Stallone, contrairement à ses contemporains qui se sont plantés en beauté en tentant de réincarner le mythe qu’il représentait auprès de tout un pan de spectateurs nourri à la péloche sévèrement burnée. Et ça fait plaisir de voir que l’action à la sauce 80’s revient sur le devant de la scène depuis quelques années. Mais jamais avec autant de panache qu’avec Du plomb dans la tête.

Sous exploité, le sidecick de Stallone permet à ce dernier d'être à la fois touchant et drôle.

Sous exploité, le sidekick de Stallone permet à ce dernier d’être à la fois touchant et drôle.

Rugueux et sec, le film ne souffre d’aucun temps mort. Aussi poisseuse que l’atmosphère qui se dégage des paysages de la Nouvelle-Orléans, les mentalités des personnages sont complexes, souvent coincés entre un besoin de justice immédiate et une certaine ligne de conduite. Il est dommage de constater que Jimmy Bobo ne soit pas plus développé tant son côté papa poule est traité rapidement, avec une scène touchante où il explique à son acolyte (le terme partenaire est mal à propos) qu’il n’a pas été le père qu’il aurait aimé être. Une faille émotionnelle qui le rend beaucoup plus humain, à l’image de la scène des bains turcs qui montre que l’improvisation n’est pas de son monde.

Le film livre toujours la marchandise.

Le film livre toujours la marchandise.

Old school jusque dans ses rouages scénaristiques, Du plomb dans la tête n’a rien à envier à de grosses productions hollywoodiennes. Même si l’action est brève et toujours confinée, elle sait être spectaculaire, notamment grâce à son réalisme et sa lenteur qui font que chaque coup reçu est ressenti brutalement par le spectateur (la scène dans les toilettes parle d’elle même). Sous ses faux air de 48 heures musclé, Hill préfère iconiser Stallone et lui permettre de regagner les faveurs du public, même s’il n’a jamais véritablement perdu son aura d’action guy au fil des années. Quand à Jason Momoa, il commence à s’imposer, à l’instar de Statham, comme une valeur sûre de l’actionner bourrin, aidé par son physique impressionnant (aussi svelte et rapide que grand et baraqué).

Deux écoles s'affrontent pour notre plus grand plaisir.

Deux écoles s’affrontent pour notre plus grand plaisir.

Sans aucune morale, Du plomb dans la tête inonde la fourmilière des bien-pensants, les laissant sur le carreau par la violence du film. Animé par une envie de retrouver le charme des anciennes productions (Joel Silver, tu es mon héros !) Walter Hill montre qu’il en a encore sous le coude et qu’il n’est pas prêt d’être nostalgique d’une époque où le pain quotidien du public en terme d’action correspondait parfaitement aux valeurs défendues dans ce film.

7/10

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Cobra – George Pan Cosmatos (1986)

Le vrai remède, c'est la télécommande !

Le vrai remède, c’est la télécommande !

Ah qu’est-ce qu’elles sont loin les années 80 ! Les péloches burnées, les héros badass, les répliques pourries (aussi bien en V.O qu’en V.F), l’action non-stop, les scénarios riquiquis et les bags guys à la sale trogne. Là dessus, on ne peut pas se tromper. Cobra a bien été réalisé dans cette période bénie qui a vu naître plusieurs des héros de notre enfance (Rocky et Rambo, pour ne citer que ceux où Stallone apparaît). Et il réunit tous ces ingrédients qui étaient à l’époque monnaie courante dans le cinéma d’action américain. Mais est-ce que mélanger tout ce qu’on aime n’importe comment fait nécessairement un bon film ? Est-ce que vous mangeriez une pizza 4 fromages parsemée de chocolat en poudre et accompagnée de frites sauce roquefort, le tout enrichi de foie gras enroulé dans du saumon et trempé dans du cappuccino ?

" - Ça peut le faire, mais accompagné d'une petite bière alors..."

 » – Ça peut le faire, mais accompagné d’une petite bière alors… »

La réponse est évidemment non, ou alors vous avez des goûts étranges. Mais il en faut justement pour tous les goûts afin d’apprécier à sa juste valeur cette quintessence de machisme surarmé qui se prénomme Marion Cobretti. Immortel, con comme la lune, un look improbable, Stallone n’a pas volé son Razzie Award (les autres non plus d’ailleurs). Ce monolithique bloc de muscles dégainant des punchlines à la sauce 80’s est le parfait représentant de l’anti-héros qu’on adore détester. Sa morale ne valant pas tripette et sa vision très personnelle de la justice (il a un côté Harry Callahan) lui valent les quolibets de ses collègues. Mais quand rien ne va plus, c’est au Cobra d’agir.

La scène de poursuite offre son joli lot de cascades.

La scène de poursuite offre son joli lot de cascades.

Et pour agir, il agit. Mais d’une manière aussi débile que peu orthodoxe. Seulement, ça n’est pas de sa faute mais de celle d’un scénario un peu à la ramasse. Stallone a du s’entraîner à l’arme à feu et se servir du manuscrit comme cible car leurs agissements sont aussi vains qu’idiots. Et la police n’est pas en reste, se délestant de son enquête pourrie où des dizaines d’innocents meurent (enfants, femmes, vieux: tout y passe !) pour pouvoir se la couler douce en regardant des épisodes de Hooker à la télé. Cette bande d’incapables n’est présente que pour s’égosiller sur l’inefficacité du lieutenant Cobretti. Merci les copains !

Heureusement qu'ils ne l'ont pas forcé à porter la moustache...

S’il porte tout le temps du noir, c’est  parce qu’il va aux enterrements de tous les mecs qu’il bute…

Heureusement que les méchants le sont pas trop. Mis à part le vrai bad guy de l’histoire (qui a une gueule de compétition), une balle suffit à les buter. Il faut dire que Cobra se sert de son flingue fétiche. D’ailleurs, il l’aime tellement qu’il a mis un décalcomanie de serpent sur la crosse, au cas où on lui piquerait dans la cour de récré. Cosmatos filme ses fusillades sous acide, les plans très resserrés empêchant de faire respirer l’action et frustrant le spectateur qui louche des deux yeux pour y comprendre quelque chose. Un point dommageable pour le réalisateur qui arrive pourtant à iconiser son héros avec de jolis plans.

" - Parfois, je change de couleur, ça dépend la saison."

 » – Parfois, je change de couleur, ça dépend la saison. »

Un tas d’idées est inutilisé, comme le fait que Cobretti fasse partie de la Brigade des Zombies sans qu’on sache véritablement en quoi ça consiste (il devait certainement en parler dans le deuxième épisode). Par contre, un tas d’autres idées n’aurait jamais du être utilisé comme le fait que le méchant de la scène d’intro amorce son fusil à pompe trois fois de suite avant de tirer ou que Stallone bouffe de la pizza froide en rentrant chez lui (véridique !). Mais après tout, pour un tough guy comme lui, est-ce que faire différemment des autres n’est pas l’explication de son comportement asocial ? Ça ou un manque de moyens pour acheter un micro-ondes.

Machoire carrée, gouttes de sueur, regard félin: on a bien à faire à un bad boy

Qu’importe, j’ai pris mon pied et passé un bon moment, en rigolant devant les scènes invraisemblables qui s’enchaînaient devant mes yeux, comme ce monstre au visage buriné qui se fait passer pour un balayeur (soit) puis pour un médecin (moins soit). Sachant que ces derniers enchaînent 11 années d’étude, des gardes de nuit et des révisions intensives, ils ont vraiment pas le temps de faire de la gonflette. Mais c’est aussi ça le charme des années 80, savoir faire du beau avec du moche, du long avec du court, du mémorable avec du ratable. Et c’est ça tout ce qu’on aime !

5,5/10

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The Expendables 2 – Simon West

Ceci est mon sang, livré pour vous. Frais de port inclus.

Si Simon West mettait fin à sa carrière dès aujourd’hui, il la terminerait aussi bien qu’il l’a commencé (Les ailes de l’enfer, c’était quelque chose !). Si The Expendables faisait déjà renaître de leurs cendres les stars d’action déchues de nos eighties chéries, le second opus fait planer leurs ombres incandescentes sur le 7ème art et inonde nos cœurs d’un feu miraculeux. Un feu purificateur, qui brûle tous les souvenirs des daubes qu’on a pu voir jusqu’alors. Une terre brûlée des actionners du pauvre. Et l’Attila du bourrinage n’est autre que Stallone.

J’avais rien vu d’aussi beau au cinéma depuis…non, j’avais jamais rien vu d’aussi beau en fait…

On s’en fout qu’ils se sentent obligés de montrer les viles actions des Chinois avant que la horde sauvage attaque, comme pour justifier le bain de sang et garder l’image de l’Américain conquérant et libérateur. On s’en contrefout que tout le budget soit passé dans les explosions et les fusillades, et que les décors sentent le carton-pâte. Du moment qu’on prend son pied ! Et la dream team l’a bien compris. Offrir un spectacle bigger and louder que le prédécesseur. Ce qui n’est pas chose aisée tant The Expendables, premier du nom, plaçait haut la barre dans l’action à l’état cristalline. Et cristallin est bien le mot tant le sang coule à flots. Mais un sang pur et innocent, celui dont on sait qu’il est faux. Celui qui, par hectolitres versés, perd de sa superbe vitalité mais se transforme en ambroisie pour qui s’en épanche.

L’apparition de Chuck a provoqué un fou rire général. C’était encore pire avec ses répliques.

Et ses dieux qui ont tant bercé notre jeunesse, tous réunis au panthéon des stars balbutiantes mais charismatiques, sont présents à l’écran et ont chacun leur quart d’heure de gloire. A commencer par Chuck Norris qui est la cible de moqueries de la part du monde entier (mais qui semble le prendre très bien), ou Jean-Claude Van Damme qui se pose en prophète guerrier philosophe. Leur présence est rassurante car ils incarnent tout ce qu’on aime chez ses bad boys: leur humour second degré autant que leur cynisme, leurs muscles saillants autant que leur vaillance, leurs forces démesurées autant que leurs faiblesses humaines. Si Shakespeare était encore vivant, il vanterait les mérites de ces guerriers inhumains, acteurs élevés au rang de mythes, dont les légendes abreuvent nos souvenirs cinéphiliques.

Stallone versus JCVD: un rêve devenu réalité !

Ça tue, ça plaisante, ça explose, ça se vanne, ça déchiquète et ça pleure. Le public s’émeut autant que les personnages du film. Public agréablement composé de nombreuses femmes qui sont venus chercher, telles de pauvres hères impies, une signification à l’écume entourant les lèvres de leurs conjoints lors de l’approche de la sortie en salles du film. Vu leur sourire béat et la flamme divine dans leurs yeux, nul doute qu’elles ont trouvé la réponse à leurs questions. Longue vie aux guerriers !

9,5/10

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